Poème cures - 4 Poèmes sur cures


4 poèmes


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J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont
Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors
l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient
sans mensonge et sans anxiété,
Et
, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient
la santé de leur noble machine.
Cybèle
alors, fertile en produits généreux,
Ne
trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais
, louve au cœur gonflé de tendresses communes,
Abreuvait
l'univers à ses tétines brunes.
L
'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D
'être fier des beautés qui le nommaient leur roi ;
Fruits
purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont
la chair lisse et ferme appelait les morsures !

Le
poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces
natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La
nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent
un froid ténébreux envelopper son âme
Devant
ce noir tableau plein d'épouvantement.
Ô
monstruosités pleurant leur vêtement !
Ô
ridicules troncs ! Torses dignes des masques !
Ô
pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,
Que
le dieu de l'utile, implacable et serein,
Enfants
, emmaillota dans ses langes d'airain !
Et
vous, femmes, hélas ! Pâles comme des cierges,
Que
ronge et que nourrit la débauche, et vous, vierges,
Du
vice maternel traînant l'hérédité
Et
toutes les hideurs de la fécondité !

Nous
avons, il est vrai, nations corrompues,
Aux
peuples anciens des beautés inconnues :
Des
visages rongés par les chancres du cœur,
Et
comme qui dirait des beautés de langueur ;
Mais
ces inventions de nos muses tardives
N
'empêcheront jamais les races maladives
De
rendre à la jeunesse un hommage profond,
-
À la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front,
À
œil limpide et clair ainsi qu'une eau courante,
Et
qui va répandant sur tout, insouciante
Comme
l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
Ses
parfums, ses chansons et ses douces chaleurs !
J'aime le souvenir de ces époques nues
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
Car
le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
L
'harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent
longuement sur le bout de mes doigts.

Je
comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,
Je
partage leur vie intense en les touchant,
C
'est alors que je sais ce qu'elles ont en elles
De
noble, de très doux et de pareil au chant.

Car
mes doigts ont connu la chair des poteries
La
chair lisse du marbre aux féminins contours
Que
la main qui les sait modeler a meurtries,
Et
celle de la perle et celle du velours.

Ils
ont connu la vie intime des fourrures,
Toison
chaude et superbe où je plonge les mains !
Ils
ont connu l'ardent secret des chevelures
se sont effeuillés des milliers de jasmins.

Et
, pareils à ceux-là qui viennent des voyages.
Mes
doigts ont parcouru d'infinis horizons,
Ils
ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et
m'ont prophétisé d'obscures trahisons.

Ils
ont connu la peau subtile de la femme,
Et
ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair
des choses ! J'ai cru parfois étreindre une âme
Avec
le frôlement prolongé de mes doigts...
Chair des choses
Poèmes de Renée Vivien

Citations de Renée Vivien
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