Poème epars - 7 Poèmes sur epars


7 poèmes


Quand l'abeille, au printemps, confiante et charmée,
Sort de la ruche et prend son vol au sein des airs,
Tout l'invite et lui rit sur sa route embaumée.
L'églantier berce au vent ses boutons entr'ouverts ;
La clochette des prés incline avec tendresse
Sous le regard du jour son front pâle et léger.

L'abeille cède émue au désir qui la presse ;
Elle aperçoit un lis et descend s'y plonger.
Une fleur est pour elle une mer de délices.
Dans son enchantement, du fond de cent calices
Elle sort trébuchant sous une poudre d'or.
Son fardeau l'alourdit, mais elle vole encor.
Une rose est là-bas qui s'ouvre et la convie ;
Sur ce sein parfumé tandis qu'elle s'oublie,
Le soleil s'est voilé. Poussé par l'aquilon,
Un orage prochain menace le vallon.
Le tonnerre a grondé. Mais dans sa quête ardente
L'abeille n'entend rien, ne voit rien, l'imprudente !
Sur les buissons en fleur l'eau fond de toute part ;
Pour regagner la ruche il est déjà trop tard.
La rose si fragile, et que l'ouragan brise,
Referme pour toujours son calice odorant ;
La rose est une tombe, et l'abeille surprise
Dans un dernier parfum s'enivre en expirant.

Qui dira les destins dont sa mort est l'image ?
Ah ! combien parmi nous d'artistes inconnus,
Partis dans leur espoir par un jour sans nuage,
Des champs qu'ils parcouraient ne sont pas revenus !
Une ivresse sacrée aveuglait leur courage ;
Au gré de leurs désirs, sans craindre les autans,
Ils butinaient au loin sur la foi du printemps.
Quel retour glorieux l'avenir leur apprête !
À ces mille trésors épars sur leur chemin
L'amour divin de l'art les guide et les arrête :
Tout est fleur aujourd'hui, tout sera miel demain.
Ils revenaient déjà vers la ruche immortelle ;
Un vent du ciel soufflait, prêt à les soulever.
Au milieu des parfums la Mort brise leur aile ;
Chargés comme l'abeille, ils périssent comme elle
Sur le butin doré qu'ils n'ont pas pu sauver.
L'abeille
Poèmes de Louise Ackermann

Citations de Louise Ackermann
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Cette odeur sur les pieds de narcisse et de menthe,
Parce
qu’ils ont foulé dans leur course légère
Fraîches
écloses, les fleurs des nuits printanières,
Remplira
tout mon cœur de ses vagues dormantes ;

Et
peut-être très loin sur ses jambes polies,
Tremblant
de la caresse encor de l’herbe haute,
Ce
parfum végétal qui monte, lorsque j’ôte
Tes
bas éclaboussés de rosée et de pluie ;

Jusqu’à
cette rancœur du ventre pâle et lisse
l’ambre et la sueur divinement se mêlent
Aux
pétales séchées au milieu des dentelles
Quand
sur les pentes d’ombre inerte mes mains glissent,

Laurence…
Jusqu’aux flux brûlants de ta poitrine,
Gonflée
et toute crépitante de lumière
Hors
de la fauve floraison des primevères
s’épuisent en vain ma bouche et mes narines,

Jusqu’à
la senteur lourde de ta chevelure,
Éparse
sur le sol comme une étoile blonde,
tu as répandu tous les parfums du monde
Pour
assouvir enfin la soif qui me torture !


Laurence endormie
Poèmes de Patrice de La Tour du Pin

Citations de Patrice de La Tour du Pin
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