Poème +greve - 2 Poèmes sur +greve


2 poèmes


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Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé
çà et là par de brillants soleils ;
Le
tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu
'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà
que j'ai touché l'automne des idées,
Et
qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour
rassembler à neuf les terres inondées,
l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et
qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront
dans ce sol lavé comme une grève
Le
mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

-
Ô douleur ! Ô douleur ! Le temps mange la vie,
Et
l'obscur ennemi qui nous ronge le cœur
Du
sang que nous perdons croît et se fortifie !
L'ennemi
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Le soir s'est refermé, telle une sombre porte,
Sur mes ravissements, sur mes élans d'hier...
Je t'évoque, ô splendide ! ô fille de la mer !
Et je viens te pleurer comme on pleure une morte.

L'air des bleus horizons ne gonfle plus tes seins,
Et tes doigts sans vigueur ont fléchi sous les bagues.
N'as-tu point chevauché sur la crête des vagues,
Toi qui dors aujourd'hui dans l'ombre des coussins ?

L'orage et l'infini qui te charmaient naguère
N'étaient-ils point parfaits et ne valaient-ils pas
Le calme conjugal de l'âtre et du repas
Et la sécurité près de l'époux vulgaire ?

Tes yeux ont appris l'art du regard chaud et mol
Et la soumission des paupières baissées.
Je te vois, alanguie au fond des gynécées,
Les cils fardés, le cerné agrandi par le k'hol.

Tes paresses et tes attitudes meurtries
Ont enchanté le rêve épais et le loisir
De celui qui t'apprit le stupide plaisir,
Ô toi qui fus hier la soeur des Valkyries !

L'époux montre aujourd'hui tes yeux, si méprisants
Jadis, tes mains, ton col indifférent de cygne,
Comme on montre ses blés, son jardin et sa vigne
Aux admirations des amis complaisants.

Abdique ton royaume et sois la faible épouse
Sans volonté devant le vouloir de l'époux...
Livre ton corps fluide aux multiples remous,
Sois plus docile encore à son ardeur jalouse.

Garde ce piètre amour, qui ne sait décevoir
Ton esprit autrefois possédé par les rêves...
Mais ne reprends jamais l'âpre chemin des grèves,
Où les algues ont des rythmes lents d'encensoir.

N'écoute plus la voix de la mer, entendue
Comme un songe à travers le soir aux voiles d'or...
Car le soir et la mer te parleraient encor
De ta virginité glorieuse et perdue.
Je pleure sur toi
Poèmes de Renée Vivien

Citations de Renée Vivien
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