Poème chez+petits - 6 Poèmes sur chez+petits


6 poèmes


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À VICTOR HUGO

Tu l'as dit : C'en est fait ; ni fuite ni refuge
Devant l'assaut prochain et furibond des flots.
Ils avancent toujours. C'est sur ce mot, Déluge,
Poète de malheur, que ton livre s'est clos.
Mais comment osa-t-il échapper à ta bouche ?
Ah ! pour le prononcer, même au dernier moment,
Il fallait ton audace et ton ardeur farouche,
Tant il est plein d'horreur et d'épouvantement.
Vous êtes avertis : c'est une fin de monde
Que ces flux, ces rumeurs, ces agitations.
Nous n'en sommes encore qu'aux menaces de l'onde,
À demain les fureurs et les destructions.

Déjà depuis longtemps, saisis de terreurs vagues,
Nous regardions la mer qui soulevait son sein,
Et nous nous demandions : « Que veulent donc ces vagues ?
On dirait qu'elles ont quelque horrible dessein. »
Tu viens de le trahir ce secret lamentable ;
Grâce à toi, nous savons à quoi nous en tenir.
Oui, le Déluge est là, terrible, inévitable ;
Ce n'est pas l'appeler que de le voir venir.

Pourtant, nous l'avouerons, si toutes les colères
De ce vaste océan qui s'agite et qui bout,
N'allaient qu'à renverser quelques tours séculaires
Que nous nous étonnions de voir encore debout,
Monuments que le temps désagrège ou corrode,
Et qui nous inspiraient une secrète horreur :
Obstacles au progrès, missel usé, vieux code,
Où se réfugiaient l'injustice et l'erreur,
Des autels délabrés, des trônes en décombre
Qui nous rétrécissaient à dessein l'horizon,
Et dont les débris seuls projetaient assez d'ombre
Pour retarder longtemps l'humaine floraison,
Nous aurions à la mer déjà crié : « Courage !
Courage ! L'oeuvre est bon que ton onde accomplit. »
Mais quoi ! ne renverser qu'un môle ou qu'un barrage ?
Ce n'est pas pour si peu qu'elle sort de son lit.
Ses flots, en s'élançant par-dessus toute cime,
N'obéissent, hélas ! qu'à d'aveugles instincts.
D'ailleurs, sachez-le bien, ces enfants de l'abîme,
Pour venir de plus bas, n'en sont que plus hautains.
Rien ne satisfera leur convoitise immense.
Dire : « Abattez ceci, mais respectez cela, »
N'amènerait en eux qu'un surcroît de démence ;
On ne fait point sa part à cet Océan-là.
Ce qu'il lui faut, c'est tout. Le même coup de houle
Balaiera sous les yeux de l'homme épouvanté
Le phare qui s'élève et le temple qui croule,
Ce qui voilait le jour ou donnait la clarté,
L'obscure sacristie et le laboratoire,
Le droit nouveau, le droit divin et ses décrets,
Le souterrain profond et le haut promontoire
D'où nous avions déjà salué le Progrès.
Tout cela ne fera qu'une ruine unique.
Avenir et passé s'y vont amonceler.
Oui, nous le proclamons, ton Déluge est inique :
Il ne renversera qu'afin de niveler.
Si nous devons bientôt, des bas-fonds en délire,
Le voir s'avancer, fier de tant d'écroulements,
Du moins nous n'aurons pas applaudi de la lyre
Au triomphe futur d'ignobles éléments.
Nous ne trouvons en nous que des accents funèbres,
Depuis que nous savons l'affreux secret des flots.
Nous voulions la lumière, ils feront les ténèbres ;
Nous rêvions l'harmonie, et voici le chaos.

Vieux monde, abîme-toi, disparais, noble arène
jusqu'au bout l'Idée envoya ses lutteurs,
Où le penseur lui-même, à sa voix souveraine,
Pour combattre au besoin, descendait des hauteurs.
Tu ne méritais pas, certes, un tel cataclysme,
Toi si fertile encore, ô vieux sol enchanté !
D'où pour faire jaillir des sources d'héroïsme,
Il suffisait d'un mot, Patrie ou Liberté !
Un océan fangeux va couvrir de ses lames
Tes sillonsgermaient de sublimes amours,
Terrain cher et sacré, fait d'alluvions d'âmes,
Et qui ne demandais qu'à t'exhausser toujours.
Que penseront les cieux et que diront les astres,
Quand leurs rayons en vain chercheront tes sommets,
Et qu'ils assisteront d'en haut à tes désastres,
Eux qui croyaient pouvoir te sourire à jamais ?
De quel œil verront-ils, du fond des mers sans borne,
À la placejadis s'étalaient tes splendeurs,
Émerger brusquement dans leur nudité morne,
Des continents nouveaux sans verdure et sans fleurs ?
Ah ! si l'attraction à la céleste voûte
Par de fermes liens ne les attachait pas,
Ils tomberaient du ciel ou changeraient de route,
Plutôt que d'éclairer un pareil ici-bas.
Nous que rien ne retient, nous, artistes qu'enivre
L'Idéal qu'ardemment poursuit notre désir,
Du moins nous n'aurons point la douleur de survivre
Au monde où nous avions espéré le saisir.
Nous serons les premiers que les vents et que l'onde
Emporteront brisés en balayant nos bords.
Dans les gouffres ouverts d'une mer furibonde,
N'ayant pu les sauver, nous suivrons nos trésors.
Après tout, quand viendra l'heure horrible et fatale,
En plein déchaînement d'aveugles appétits,
Sous ces flots gros de haine et de rage brutale,
Les moins à plaindre encore seront les engloutis.
Le déluge
Poèmes de Louise Ackermann

Citations de Louise Ackermann
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L'aigle avait ses petits au haut d'un arbre creux,
La
laie au pied, la chatte entre les deux,
Et
sans s'incommoder, moyennant ce partage,
Mères
et nourrissons faisaient leur tripotage.
La
chatte détruisit par sa fourbe l'accord ;
Elle
grimpa chez l'aigle, et lui dit : " Notre mort
(Au
moins de nos enfants, car c'est tout un aux mères)
Ne
tardera possible guères.
Voyez-vous
à nos pieds fouir incessamment
Cette
maudite laie, et creuser une mine ?
C
'est pour déraciner le chêne assurément,
Et
de nos nourrissons attirer la ruine :
L
'arbre tombant, ils seront dévorés ;
Qu
'ils s'en tiennent pour assurés.
S
'il m'en restait un seul, j'adoucirais ma plainte. "
Au
partir de ce lieu, qu'elle remplit de crainte,
La
perfide descend tout droit
A
l'endroit
la laie était en gésine.
"Ma
bonne amie et ma voisine,
Lui
dit-elle tout bas, je vous donne un avis :
L
'aigle, si vous sortez, fondra sur vos petits.
Obligez-moi
de n'en rien dire :
Son
courroux tomberait sur moi. "
Dans
cette autre famille ayant semé l'effroi,
La
chatte en son trou se retire.
L
'aigle n'ose sortir, ni pourvoir aux besoins
De
ses petits ; la laie encore moins :
Sottes
de ne pas voir que le plus grand des soins,
Ce
doit être celui d'éviter la famine.
A
demeurer chez soi l'une et l'autre s'obstine,
Pour
secourir les siens dedans l'occasion ;
L
'oiseau royal, en cas de mine ;
La
laie, en cas d'irruption.
La
faim détruisit tout ; il ne resta personne
De
la gent marcassine et de la gent aiglonne
Qui
n'allât de vie à trépas :
Grand
renfort pour messieurs les chats.
Que
ne sait point ourdir une langue traîtresse
Par
sa pernicieuse adresse !
Des
malheurs qui sont sortis
De
la boîte de Pandore,
Celui
qu'à meilleur droit tout l'univers abhorre,
C
'est la fourbe, à mon avis.
L' Aigle la Laie et la Chatte
Poèmes de Jean de La Fontaine

Citations de Jean de La Fontaine
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