Poème divin, - 5 Poèmes sur divin,


5 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : déçoivent devaient devança devançai devançaient devançais devançait devançant devanças devançât devançons devant déveine déveines devenaient devenais devenait devenant devenions devenons déventé devenu devenue devenues devenus déviaient déviant devienne deviennes ...


Nous voilà donc encore une fois en présence,
Lui
le tyran divin, moi le vieux révolté.
Or
je suis la Justice, il n'est que la Puissance ;
A
qui va, de nous deux, rester l'Humanité ?
Ah !
tu comptais sans moi, Divinité funeste,
Lorsque
tu façonnais le premier couple humain,
Et
que dans ton Éden, sous ton regard céleste,
Tu
l'enfermas jadis au sortir de ta main.
Je
n'eus qu'à le voir là, languissant et stupide,
Comme
un simple animal errer et végéter,
Pour
concevoir soudain dans mon âme intrépide
L
'audacieux dessein de te le disputer.
Quoi !
je l'aurais laissée, au sein de la nature,
Sans
espoir à jamais s'engourdir en ce lieu ?
Je
l'aimais trop déjà, la faible créature,
Et
je ne pouvais pas l'abandonner à Dieu.
Contre
ta volonté, c'est moi qui l'ai fait naître,
Le
désir de savoir en cet être ébauché ;
Puisque
pour s'achever, pour penser, pour connaître,
Il
fallait qu'il péchât, eh bien ! il a péché.
Il
le prit de ma main, ce fruit de délivrance,
Qu
'il n'eût osé tout seul ni cueillir ni goûter :
Sortir
du fond obscur d'une éroite ignorance,
Ce
n'était point déchoir, non, non ! c'était monter.
Le
premier pas est fait, l'ascension commence ;
Ton
Paradis, tu peux le fermer à ton gré ;
Quand
tu l'eusses rouvert en un jour de clémence,
Le
noble fugitif n'y fût jamais rentré.
Ah !
plutôt le désert, plutôt la roche humide,
Que
ce jardin de fleurs et d'azur couronné !
C
'en est fait pour toujours du pauvre Adam timide ;
Voici
qu'un nouvel être a surgi : l'Homme est né !
L
'Homme, mon œuvre, à moi, car j'y mis tout moi-même :
Il
ne saurait tromper mes vœux ni mon dessein.
Défiant
ton courroux, par un effort suprême
J
'éveillai la raison qui dormait en son sein.
Cet
éclair faible encor, cette lueur première
Que
deviendra le jour, c'est de moi qu'il ta tient.
Nous
avons tous les deux créé notre lumière,
Oui
, mais mon Fiat lux l'emporte sur le tien !
Il
a du premier coup levé bien d'autres voiles
Que
ceux du vieux chaos où se jouait ta main.
Toi
, tu n'as que ton ciel pour semer tes étoiles ;
Pour
lancer mon soleil, moi, j'ai l'esprit humain !
Satan
Poèmes de Louise Ackermann

Citations de Louise Ackermann
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1170 votes


Statue allégorique dans le goût de la Renaissance

À
Ernest Christophe, statuaire.
Contemplons
ce trésor de grâces florentines ;
Dans
l'ondulation de ce corps musculeux
L
'élégance et la force abondent, sœurs divines.
Cette
femme, morceau vraiment miraculeux,
Divinement
robuste, adorablement mince,
Est
faite pour trôner sur des lits somptueux,
Et
charmer les loisirs d'un pontife ou d'un prince.

-
Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
la fatuité promène son extase ;
Ce
long regard sournois, langoureux et moqueur ;
Ce
visage mignard, tout encadré de gaze,
Dont
chaque trait nous dit avec un air vainqueur :
La
volupté m'appelle et l'amour me couronne !
À
cet être doué de tant de majesté
Vois
quel charme excitant la gentillesse donne !
Approchons
, et tournons autour de sa beauté.

Ô
blasphème de l'art ! Ô surprise fatale !
La
femme au corps divin, promettant le bonheur,
Par
le haut se termine en monstre bicéphale !

Mais
non ! Ce n'est qu'un masque, un décor suborneur,
Ce
visage éclairé d'une exquise grimace,
Et
, regarde, voici, crispée atrocement,
La
véritable tête, et la sincère face
Renversée
à l'abri de la face qui ment.
Pauvre
grande beauté ! Le magnifique fleuve
De
tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux ;
Ton
mensonge m'enivre, et mon âme s'abreuve
Aux
flots que la douleur fait jaillir de tes yeux !

-
Mais pourquoi pleure-t-elle ? Elle, beauté parfaite
Qui
mettrait à ses pieds le genre humain vaincu,
Quel
mal mystérieux ronge son flanc d'athlète ?

-
Elle pleure, insensé, parce qu'elle a vécu !
Et
parce qu'elle vit ! Mais ce qu'elle déplore
Surtout
, ce qui la fait frémir jusqu'aux genoux,
C
'est que demain, hélas ! Il faudra vivre encore !
Demain
, après-demain et toujours ! - comme nous !
Le masque
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1061 votes