Poème sont+alors - 12 Poèmes sur sont+alors


12 poèmes


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Sur le seuil des enfers Eurydice éplorée
S'évaporait légère, et cette ombre adorée
À son époux en vain dans un suprême effort
Avait tendu les bras. Vers la nuit éternelle,
Par delà les flots noirs le Destin la rappelle ;
Déjà la barque triste a gagné l'autre bord.

Tout entier aux regrets de sa perte fatale,
Orphée erra longtemps sur la rive infernale.
Sa voix du nom chéri remplit ces lieux déserts.
Il repoussait du chant la douceur et les charmes ;
Mais, sans qu'il la touchât, sa lyre sous ses larmes
Rendait un son plaintif qui mourait dans les airs.

Enfin, las d'y gémir, il quitta ce rivage
Témoin de son malheur. Dans la Thrace sauvage
Il s'arrête, et là, seul, secouant la torpeur
Où le désespoir sombre endormait son génie,
Il laissa s'épancher sa tristesse infinie
En de navrants accords arrachés à son coeur.

Ce fut le premier chant de la douleur humaine
Que ce cri d'un époux et que sa plainte vaine ;
La parole et la lyre étaient des dons récents.
Alors la poésie émue et colorée
Voltigeait sans effort sur la lèvre inspirée
Dans la grâce et l'ampleur de ses jeunes accents.

Des sons harmonieux telle fut la puissance
Qu'elle adoucit bientôt cette amère souffrance ;
Un sanglot moins profond sort de ce sein brisé.
La Muse d'un sourire a calmé le poète ;
Il sent, tandis qu'il chante, une vertu secrète
Descendre lentement dans son coeur apaisé.

Et tout à coup sa voix qu'attendrissent encore
Les larmes qu'il versa, prend un accent sonore.
Son chant devient plus pur ; grave et mélodieux,
Il célèbre à la fois dans son élan lyrique
L'Hyménée et l'Amour, ce beau couple pudique
Qui marche heureux et fier sous le regard des Dieux.

Il les peint dans leur force et dans la confiance
De leurs voeux éternels. Sur le Temps qui s'avance
Ils ont leurs yeux fixés que nul pleur n'a ternis.
Leur présence autour d'eux répand un charme austère ;
Mais ces enfants du ciel descendus sur la terre
Ne sont vraiment divins que quand ils sont unis.

Oui, si quelque erreur triste un moment les sépare,
Dans leurs sentiers divers bientôt chacun s'égare.
Leur pied mal affermi trébuche à tout moment.
La Pudeur se détourne et les Grâces décentes,
Qui les suivaient, formant des danses innocentes,
Ont à l'instant senti rougir leur front charmant.

Eux seuls en l'enchantant font à l'homme éphémère
Oublier ses destins. Leur main douce et légère
Le soutient dans la vie et le guide au tombeau.
Si les temps sont mauvais et si l'horizon semble
S'assombrir devant eux, ils l'éclairent ensemble,
Appuyés l'un sur l'autre et n'ayant qu'un flambeau.

Pour mieux entendre Orphée, au sein de la nature
Tout se taisait ; les vents arrêtaient leur murmure.
Même les habitants de l'Olympe éthéré
Oubliaient le nectar ; devant leur coupe vide
Ils écoutaient charmés, et d'une oreille avide,
Monter vers eux la voix du mortel inspiré.

Ces deux divinités que chantait l'hymne antique
N'ont rien perdu pour nous de leur beauté pudique ;
Leur front est toujours jeune et serein. Dans leurs yeux
L'immortelle douceur de leur âme respire.
Calme et pur, le bonheur fleurit sous leur sourire ;
Un parfum sur leurs pas trahit encor les Dieux.

Bien des siècles ont fui depuis l'heure lointaine
Où la Thrace entendit ce chant ; sur l'âme humaine
Plus d'un souffle a passé; mais l'homme sent toujours
Battre le même coeur au fond de sa poitrine.
Gardons-nous d'y flétrir la fleur chaste et divine
De l'amour dans l'hymen éclose aux anciens jours.

L'âge est triste ; il pressent quelque prochaine crise.
Déjà plus d'un lien se relâche ou se brise.
On se trouble, on attend. Vers un but ignoré
Lorsque l'orage est là qui bientôt nous emporte,
Ah ! pressons, s'il se peut, d'une étreinte plus forte
Un coeur contre le nôtre, et dans un noeud sacré.
L'hyménée et l'amour
Poèmes de Louise Ackermann

Citations de Louise Ackermann
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J'ai cru pouvoir briser la profondeur de l'immensité
Par
mon chagrin tout nu sans contact sans écho
Je
me suis étendu dans ma prison aux portes vierges
Comme
un mort raisonnable qui a su mourir
Un
mort non couronné sinon de son néant
Je
me suis étendu sur les vagues absurdes
Du
poison absorbé par amour de la cendre
La
solitude m'a semblé plus vive que le sang

Je
voulais désunir la vie
Je
voulais partager la mort avec la mort
Rendre
mon cour au vide et le vide à la vie
Tout
effacer qu'il n'y ait rien ni vitre ni buée
Ni
rien devant ni rien derrière rien entier
J
'avais éliminé le glaçon des mains jointes
J
'avais éliminé l'hivernale ossature
Du
vou qui s'annule

Tu
es venue le feu s'est alors ranimé
L
'ombre a cédé le froid d'en bas s'est étoilé
Et
la terre s'est recouverte
De
ta chair claire et je me suis senti léger
Tu
es venue la solitude était vaincue
J
'avais un guide sur la terre je savais
Me
diriger je me savais démesuré
J
'avançais je gagnais de l'espace et du temps

J
'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière
La
vie avait un corps l'espoir tendait sa voile
Le
sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait
à l'aurore des regards confiants
Les
rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta
bouche était mouillée des premières rosées
Le
repos ébloui remplaçait la fatigue
Et
j'adorais l'amour comme à mes premiers jours.

Les
champs sont labourés les usines rayonnent
Et
le blé fait son nid dans une houle énorme
La
moisson la vendange ont des témoins sans nombre
Rien
n'est simple ni singulier
La
mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit
La
forêt donne aux arbres la sécurité
Et
les murs des maisons ont une peau commune
Et
les routes toujours se croisent.

Les
hommes sont faits pour s'entendre
Pour
se comprendre pour s'aimer
Ont
des enfants qui deviendront pères des hommes
Ont
des enfants sans feu ni lieu
Qui
réinventeront les hommes
Et
la nature et leur patrie
Celle
de tous les hommes
Celle
de tous les temps.

La mort, l'amour la vie
Poèmes de Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard

Citations de Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard
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