Poème tant+qu+une+seule+femme - 8 Poèmes sur tant+qu+une+seule+femme


8 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : étaient étain étains étançon étançons étant éteins éteint étend étêtaient étêtant étêtent étêtions étêtons éthane éthanes étions étonna étonnai étonnais étonnait étonnas étonnât étonne étonné étonnée étonnées étonnes étonnés ...


Je ne vous offre plus pour toutes mélodies
Que
des cris de révolte et des rimes hardies.
Oui !
Mais en m'écoutant si vous alliez pâlir ?
Si
, surpris des éclats de ma verve imprudente,
Vous
maudissez la voix énergique et stridente
Qui
vous aura fait tressaillir ?

Pourtant
, quand je m'élève à des notes pareilles,
Je
ne prétends blesser les cœurs ni les oreilles.
Même
les plus craintifs n'ont point à s'alarmer ;
L
'accent désespéré sans doute ici domine,
Mais
je n'ai pas tiré ces sons de ma poitrine
Pour
le plaisir de blasphémer.

Comment ?
la Liberté déchaîne ses colères ;
Partout
, contre l'effort des erreurs séculaires ;
La
Vérité combat pour s'ouvrir un chemin ;
Et
je ne prendrais pas parti de ce grand drame ?
Quoi !
ce cœur qui bat là, pour être un cœur de femme,
En
est-il moins un cœur humain ?

Est-ce
ma faute à moi si dans ces jours de fièvre
D
'ardentes questions se pressent sur ma lèvre ?
Si
votre Dieu surtout m'inspire des soupçons ?
Si
la Nature aussi prend des teintes funèbres,
Et
si j'ai de mon temps, le long de mes vertèbres,
Senti
courir tous les frissons ?

Jouet
depuis longtemps des vents et de la houle,
Mon
bâtiment fait eau de toutes parts ; il coule.
La
foudre seule encore à ses signaux répond.
Le
voyant en péril et loin de toute escale,
Au
lieu de m'enfermer tremblante à fond de cale,
J
'ai voulu monter sur le pont.

À
l'écart, mais debout, là, dans leur lit immense
J
'ai contemplé le jeu des vagues en démence.
Puis
, prévoyant bientôt le naufrage et la mort,
Au
risque d'encourir l'anathème ou le blâme,
À
deux mains j'ai saisi ce livre de mon âme,
Et
j'ai lancé par-dessus bord.

C
'est mon trésor unique, amassé page à page.
À
le laisser au fond d'une mer sans rivage
Disparaître
avec moi je n'ai pu consentir.
En
dépit du courant qui l'emporte ou l'entrave,
Qu
'il se soutienne donc et surnage en épave
Sur
ces flots qui vont m'engloutir !


Paris, 7 janvier 1874.


Mon Livre
Poèmes de Louise Ackermann

Citations de Louise Ackermann
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1199 votes


Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce
beau matin d'été si doux :
Au
détour d'un sentier une charogne infâme
Sur
un lit semé de cailloux,

Les
jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante
et suant les poisons,
Ouvrait
d'une façon nonchalante et cynique
Son
ventre plein d'exhalaisons.

Le
soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme
afin de la cuire à point,
Et
de rendre au centuple à la grande nature
Tout
ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et
le ciel regardait la carcasse superbe
Comme
une fleur s'épanouir.
La
puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous
crûtes vous évanouir.

Les
mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D
'où sortaient de noirs bataillons
De
larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le
long de ces vivants haillons.

Tout
cela descendait, montait comme une vague,
Ou
s'élançait en pétillant ;
On
eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait
en se multipliant.

Et
ce monde rendait une étrange musique,
Comme
l'eau courante et le vent,
Ou
le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite
et tourne dans son van.

Les
formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une
ébauche lente à venir,
Sur
la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement
par le souvenir.

Derrière
les rochers une chienne inquiète
Nous
regardait d'un œil fâché,
Épiant
le moment de reprendre au squelette
Le
morceau qu'elle avait lâché.

-
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À
cette horrible infection,
Étoile
de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous
, mon ange et ma passion !

Oui
! Telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après
les derniers sacrements
Quand
vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir
parmi les ossements.

Alors
, ô ma beauté ! Dites à la vermine
Qui
vous mangera de baisers,
Que
j'ai gardé la forme et l'essence divine
De
mes amours décomposés !
Une charogne
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poème
| Envoyer à un ami | Voter pour ce poème | 1098 votes