Poème xie - 10 Poèmes sur xie


10 poèmes


Phonétique : x xi


Je connais plus d'un sot qui loue
Comme
le trésor le plus beau,
L
'amour que le bon peuple voue
A
ceux qui suivent son drapeau.
Du
peuple que me fait l'estime ?
Puisque
ce trésor si vanté
Ne
rapporteras un centime,

Fi de la popularité !

Cet
amour, fol et vain caprice,
Impose
, comme l'autre amour,
Chaque
jour nouveau sacrifice,
Et
nouveau tourment chaque jour,
A
ceux que chez nous il escorte
Combien
, hélas ! a-t-il coûté ?
Moi
, j'aime mieux ce qui rapporte,

Fi de la popularité !

Le
peuple, c'est une coquette
Habile
à plumer ses amants,
Et
qu'on voit changer d'amourette
Comme
un magistrat de serments.
Au
premier mois amour extrême,
Au
deuxième infidélité...
Chaque
mois m'apporte un douzième.

Fi de la popularité !

La
faveur du peuple bafoue
Celle
du pouvoir ? Sot motif !
L
'une a plus d'éclat, je l'avoue ;
Mais
l'autre a plus de positif.
L
'amour qu'aux siens le peuple donne
Reluit
sans poids ni densité ;
Je
préfère l'amour qui sonne.

Fi de la popularité !

Dans
une fable fort sensée,
Un
sage nous dit en beaux vers :
«
Si la treille est trop haut placée,
Criez
que les raisins sont verts. »
Pour
que le peuple nous encense,
S
'il faut réunir équité,
Vertu
, dévouement, éloquence,

Fi de la popularité !

Que
d'autres cherchent, sauf mécompte,
A
toucher des cœurs vains ou froids ;
J
'aime mieux toucher, pour mon compte,
Quatre
ou cinq mille francs par mois.
Lorsqu
'on reçoit si gros salaire,
On
peut clamer en sûreté,
Même
sous un roi populaire.

Fi
de la popularité !
Fi de la popularité
Poèmes de Agénor Altaroche

Citations de Agénor Altaroche
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J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont
Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors
l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient
sans mensonge et sans anxiété,
Et
, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient
la santé de leur noble machine.
Cybèle
alors, fertile en produits généreux,
Ne
trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais
, louve au cœur gonflé de tendresses communes,
Abreuvait
l'univers à ses tétines brunes.
L
'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D
'être fier des beautés qui le nommaient leur roi ;
Fruits
purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont
la chair lisse et ferme appelait les morsures !

Le
poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces
natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La
nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent
un froid ténébreux envelopper son âme
Devant
ce noir tableau plein d'épouvantement.
Ô
monstruosités pleurant leur vêtement !
Ô
ridicules troncs ! Torses dignes des masques !
Ô
pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,
Que
le dieu de l'utile, implacable et serein,
Enfants
, emmaillota dans ses langes d'airain !
Et
vous, femmes, hélas ! Pâles comme des cierges,
Que
ronge et que nourrit la débauche, et vous, vierges,
Du
vice maternel traînant l'hérédité
Et
toutes les hideurs de la fécondité !

Nous
avons, il est vrai, nations corrompues,
Aux
peuples anciens des beautés inconnues :
Des
visages rongés par les chancres du cœur,
Et
comme qui dirait des beautés de langueur ;
Mais
ces inventions de nos muses tardives
N
'empêcheront jamais les races maladives
De
rendre à la jeunesse un hommage profond,
-
À la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front,
À
œil limpide et clair ainsi qu'une eau courante,
Et
qui va répandant sur tout, insouciante
Comme
l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
Ses
parfums, ses chansons et ses douces chaleurs !
J'aime le souvenir de ces époques nues
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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