Poème confus - 9 Poèmes sur confus


9 poèmes


Phonétique : canif canifs conf confia confiai confiais confiait confias confiât confie confié confiée confiées confies confiés confis confit confît confus


Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait
en son bec un fromage.
Maître
Renard, par l'odeur alléché,
Lui
tint à peu près ce langage :
! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que
vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans
mentir, si votre ramage
Se
rapporte à votre plumage,
Vous
êtes le Phénix des hôtes de ces bois.
A
ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et
pour montrer sa belle voix,
Il
ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le
Renard s'en saisit, et dit : Mon bon Monsieur,
Apprenez
que tout flatteur
Vit
aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette
leçon vaut bien un fromage, sans doute.
Le
Corbeau, honteux et confus,
Jura
, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Le Corbeau et le Renard
Poèmes de Jean de La Fontaine

Citations de Jean de La Fontaine
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Une hirondelle en ses voyages
Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu
Peut avoir beaucoup retenu.
Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages,
Et devant qu'ils fussent éclos,
Les annonçait aux matelots.
Il arriva qu'au temps que la chanvre se sème,
Elle vit un manant en couvrir maints sillons.
" Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux oisillons :
Je vous plains ; car pour moi, dans ce péril extrême,
Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin.
Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ?
Un jour viendra, qui n'est pas loin,
Que ce qu'elle répand sera votre ruine.
De là naîtront engins à vous envelopper,
Et lacets pour vous attraper,
Enfin mainte et mainte machine
Qui causera dans la saison
Votre mort ou votre prison :
Gare la cage ou le chaudron !
C'est pourquoi, leur dit l'hirondelle,
Mangez ce grain ; et croyez-moi. "
Les oiseaux se moquèrent d'elle :
Ils trouvaient aux champs trop de quoi.
Quand la chènevière fut verte,
L'hirondelle leur dit : " Arrachez brin à brin
Ce qu'a produit ce maudit grain,
Ou soyez sûrs de votre perte.
- Prophète de malheur, babillarde, dit-on,
Le bel emploi que tu nous donnes !
Il nous faudrait mille personnes
Pour éplucher tout ce canton. "
La chanvre étant tout à faire crue,
L'hirondelle ajouta : " Ceci ne va pas bien ;
Mauvaise graine est tôt venue.
Mais puisque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien,
Dès que vous verrez que la terre
Sera couverte, et qu'à leurs blés
Les gens n'étant plus occupés
Feront aux oisillons la guerre ;
Quand reginglettes et réseaux
Attraperont petits oiseaux,
Ne volez plus de place en place,
Demeurez au logis, ou changez de climat :
Imitez le canard, la grue, et la bécasse.
Mais vous n'êtes pas en état
De passer, comme nous, les déserts et les ondes,
Ni d'aller chercher d'autres mondes ;
C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit sûr,
C'est de vous renfermer aux trous de quelque mur. "
Les oisillons, las de l'entendre,
Se mirent à jaser aussi confusément
Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre
Ouvrait la bouche seulement.
Il en prit aux uns comme aux autres :
Maint oisillon se vit esclave retenu.

Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres,
Et ne croyons le mal que quand il est venu.
L'Hirondelle et les petits Oiseaux
Poèmes de Jean de La Fontaine

Citations de Jean de La Fontaine
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