Poème formes - 7 Poèmes sur formes


7 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : ferma fermai fermais fermait fermâmes fermas Fermat fermât ferme fermé fermée fermées fermes fermés fermeté Fermi fermium fermiums ferrâmes firme firmes foirâmes forâmes forçâmes forma formai formais formait formâmes ...


Du temps que la nature en sa verve puissante
Concevait
chaque jour des enfants monstrueux,
J
'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
Comme
aux pieds d'une reine un chat voluptueux.

J
'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et
grandir librement dans ses terribles jeux ;
Deviner
si son cœur couve une sombre flamme
Aux
humides brouillards qui nagent dans ses yeux ;

Parcourir
à loisir ses magnifiques formes ;
Ramper
sur le versant de ses genoux énormes,
Et
parfois en été, quand les soleils malsains,

Lasse
, la font s'étendre à travers la campagne,
Dormir
nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme
un hameau paisible au pied d'une montagne.
La Géante
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce
beau matin d'été si doux :
Au
détour d'un sentier une charogne infâme
Sur
un lit semé de cailloux,

Les
jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante
et suant les poisons,
Ouvrait
d'une façon nonchalante et cynique
Son
ventre plein d'exhalaisons.

Le
soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme
afin de la cuire à point,
Et
de rendre au centuple à la grande nature
Tout
ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et
le ciel regardait la carcasse superbe
Comme
une fleur s'épanouir.
La
puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous
crûtes vous évanouir.

Les
mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D
'où sortaient de noirs bataillons
De
larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le
long de ces vivants haillons.

Tout
cela descendait, montait comme une vague,
Ou
s'élançait en pétillant ;
On
eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait
en se multipliant.

Et
ce monde rendait une étrange musique,
Comme
l'eau courante et le vent,
Ou
le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite
et tourne dans son van.

Les
formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une
ébauche lente à venir,
Sur
la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement
par le souvenir.

Derrière
les rochers une chienne inquiète
Nous
regardait d'un œil fâché,
Épiant
le moment de reprendre au squelette
Le
morceau qu'elle avait lâché.

-
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À
cette horrible infection,
Étoile
de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous
, mon ange et ma passion !

Oui
! Telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après
les derniers sacrements
Quand
vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir
parmi les ossements.

Alors
, ô ma beauté ! Dites à la vermine
Qui
vous mangera de baisers,
Que
j'ai gardé la forme et l'essence divine
De
mes amours décomposés !
Une charogne
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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