Poème raison+point - 13 Poèmes sur raison+point


13 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : érosion érosions raisin raisiné raisinés raisins raison raisonna raisonnai raisonnais raisonnait raisonnas raisonnât raisonne raisonné raisonnée raisonnées raisonnes raisonnés raisons rasaient rasant rasent rasions rasons razziaient razziant razzient razziions ...


Un rimeur de couplets comiques,
De
la folle et vive chanson
Aux
oreilles académiques
A
fait la funèbre oraison.
Ingrat
, à peine à son aurore,
Au
tombeau déjà tu l'attends !
La
chanson n'est pas morte encore,
La
chanson doit vivre longtemps !

«
La chanson flagelle les traîtres
Et
les pillards du bien d'autrui ;
Du
peuple elle fronde les maîtres ;
Qu
'aurait-elle à faire aujourd'hui ?...»
Ce
beau programme qui l'honore
Lui
promet des jours éclatants.
La
chanson n'est pas morte encore,
La
chanson doit vivre longtemps !

Dans
sa mission vengeresse
N
'est-il point de vitupérer
Ceux
qui violent la promesse
Qu
'on les vit eux-mêmes jurer ?
Oui
, s'il faut qu'elle remémore
Leurs
serments à nos exploitants,
La
chanson n'est pas morte encore,
La
chanson doit vivre longtemps !

La
censure aux prudes alarmes
Veut
, dans un étroit horizon,
Borner
l'esprit par des gendarmes,
Des
amendes et la prison.
Crois-tu
que la rouille dévore
Les
ciseaux de ses noirs Tristans ?
La
chanson n'est pas morte encore,
La
chanson doit vivre longtemps !

Et
cette jeune et belle armée
Dont
ils compriment la valeur ;
Une
bourgade consumée
Suffit-elle
à sa noble ardeur ?
Il
faut au drapeau tricolore
Des
triomphes plus méritants ;
La
chanson n'est pas morte encore,
La
chanson doit vivre longtemps !

Il
faut bien que la chanson fronde,
Implacable
comme un remord,
Certaine
Thémis moribonde
Qui
rêva des arrêts de mort.
Lorsqu
'on livre à ce Minotaure,
De
jeunes et forts combattants,
La
chanson n'est pas morte encore,
La
chanson doit vivre longtemps !

La
muse que tu nous enterres
A-t-elle
fini de compter
Les
gros péchés des mandataires
Qui
disent nous représenter ;
Les
pots-de-vin dont se décore
La
cave de tous nos traitants ?
La
chanson n'est pas morte encore,
La
chanson doit vivre longtemps.

Pour
que la chanson vive, il reste
A
ses traits plus d'un autre but.
Livre
lui l'exorde modeste
Des
orateurs de l'Institut.
Tout
nouvel entrant y redore
Le
faux galon des charlatans.
La
chanson n'est pas morte encore,
La
chanson doit vivre longtemps.
La chanson n'est pas morte
Poèmes de Agénor Altaroche

Citations de Agénor Altaroche
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Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce
beau matin d'été si doux :
Au
détour d'un sentier une charogne infâme
Sur
un lit semé de cailloux,

Les
jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante
et suant les poisons,
Ouvrait
d'une façon nonchalante et cynique
Son
ventre plein d'exhalaisons.

Le
soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme
afin de la cuire à point,
Et
de rendre au centuple à la grande nature
Tout
ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et
le ciel regardait la carcasse superbe
Comme
une fleur s'épanouir.
La
puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous
crûtes vous évanouir.

Les
mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D
'où sortaient de noirs bataillons
De
larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le
long de ces vivants haillons.

Tout
cela descendait, montait comme une vague,
Ou
s'élançait en pétillant ;
On
eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait
en se multipliant.

Et
ce monde rendait une étrange musique,
Comme
l'eau courante et le vent,
Ou
le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite
et tourne dans son van.

Les
formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une
ébauche lente à venir,
Sur
la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement
par le souvenir.

Derrière
les rochers une chienne inquiète
Nous
regardait d'un œil fâché,
Épiant
le moment de reprendre au squelette
Le
morceau qu'elle avait lâché.

-
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À
cette horrible infection,
Étoile
de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous
, mon ange et ma passion !

Oui
! Telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après
les derniers sacrements
Quand
vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir
parmi les ossements.

Alors
, ô ma beauté ! Dites à la vermine
Qui
vous mangera de baisers,
Que
j'ai gardé la forme et l'essence divine
De
mes amours décomposés !
Une charogne
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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