Poème Sompt - 2 Poèmes sur Sompt


2 poèmes


Phonétique : sampi sampis sampot sympa


Statue allégorique dans le goût de la Renaissance

À
Ernest Christophe, statuaire.
Contemplons
ce trésor de grâces florentines ;
Dans
l'ondulation de ce corps musculeux
L
'élégance et la force abondent, sœurs divines.
Cette
femme, morceau vraiment miraculeux,
Divinement
robuste, adorablement mince,
Est
faite pour trôner sur des lits somptueux,
Et
charmer les loisirs d'un pontife ou d'un prince.

-
Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
la fatuité promène son extase ;
Ce
long regard sournois, langoureux et moqueur ;
Ce
visage mignard, tout encadré de gaze,
Dont
chaque trait nous dit avec un air vainqueur :
La
volupté m'appelle et l'amour me couronne !
À
cet être doué de tant de majesté
Vois
quel charme excitant la gentillesse donne !
Approchons
, et tournons autour de sa beauté.

Ô
blasphème de l'art ! Ô surprise fatale !
La
femme au corps divin, promettant le bonheur,
Par
le haut se termine en monstre bicéphale !

Mais
non ! Ce n'est qu'un masque, un décor suborneur,
Ce
visage éclairé d'une exquise grimace,
Et
, regarde, voici, crispée atrocement,
La
véritable tête, et la sincère face
Renversée
à l'abri de la face qui ment.
Pauvre
grande beauté ! Le magnifique fleuve
De
tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux ;
Ton
mensonge m'enivre, et mon âme s'abreuve
Aux
flots que la douleur fait jaillir de tes yeux !

-
Mais pourquoi pleure-t-elle ? Elle, beauté parfaite
Qui
mettrait à ses pieds le genre humain vaincu,
Quel
mal mystérieux ronge son flanc d'athlète ?

-
Elle pleure, insensé, parce qu'elle a vécu !
Et
parce qu'elle vit ! Mais ce qu'elle déplore
Surtout
, ce qui la fait frémir jusqu'aux genoux,
C
'est que demain, hélas ! Il faudra vivre encore !
Demain
, après-demain et toujours ! - comme nous !
Le masque
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Tout ce que nous aimons est déjà sous la terre,
Un
éphémère effort conduit encor nos jours,
Mais
, déçue à jamais par l'ingrate atmosphère,
Pour
mon regard il n'est de loi ni de mystère;

Peut-être
êtes-vous là, pourtant, tenace Amour ?

Tout
rêve et tout espoir s'écroulent dans des tombes;
Toute
animation s'affaisse dans le sol;
-
Printemps passionné, caresses des colombes
, Tendre essor des parfums, appel du rossignol,

Incoercible
élan d'un visage vers l'autre,
Chaude
haleine créant un humain paradis,
Sainte
présomption d'être ces deux apôtres
Graves
, dont l'un s'abreuve à ce que l'autre dit,
Terrible
instinct d'amour qui combattez le nôtre,
Quand
l'immense douleur nous a tout interdit,

Malgré
votre besoin de prolonger la race
Vous
n'êtes qu'un instant vifs au-dessus des morts;
Vous
usez chaque jour les âmes et les corps,
Rien
de tout ce qui vit ne laissera de traces;

-
Mais alors vous venez sourdement vous poser
Comme
un ordre pressant sur la plus triste face :

Méprisable
et divin miracle du baiser !
Poème de l'amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

Citations de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles
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