Poème de tourterelle


nocturne de tourterelle

 

                                    Si j’étais une liane

 

 

 

Si j'étais une liane dans la jungle du Congo,

je m'enroulerais autour de toi, doucement

Des pieds à la tête puis te serrerais très fort pour te prendre ton cœur,

Tes poumons, aspirerais ton sang pour te pénétrer entièrement

 

Puis je relâcherais mon étreinte , mes liens, te laissant à terre

J'irais m'enrouler sur le tronc du plus grand arbre, un baobab

L'épousant en rejetant, inoculant ton sang jusque ton faîte

Je serais moi, l'arbre serait toi qui vivrait très longtemps

 

S'élevant vers le plus haut pour atteindre le ciel, et vivre des siècles.

Je te humerais, te caresserais, vivrais de ton corps qui m'appartiendrait

Pour toujours, tu serais mon prisonnier, printemps, été, hiver

Tu perdrais tes feuilles qui feraient un grand tapis à tes pieds

 

Les hommes et les femmes viendraient se rafraîchir de ton ombre

T'enlacer, faire l'amour ,  t'admirer, palper ton écorce, te sentir,

Graveraient leurs initiales sur ton tronc dans un joli cœur,

 

Tu m'appartiendrais pour l'éternité, enserrer de ma longue tige

Qui pousserait tous les ans pour atteindre tes branches les plus hautes

Il n'y aurait qu'une vie, qu'un couple qui battrait ,

Nos corps, nos esprits ne feraient qu'un, enlacés à jamais.

 

Des générations viendraient t'admirer avec tes grandes branches

Chargées de belles feuilles et de graines, les ramasseraient  en les lançant en l'air

Ou les emmèneraient pour les peindre,

Les laisseraient sécher pour les insérer dans les pages d'un livre en souvenir de toi.

 

Je me ferais discrète, serais ton habit velu, collé à ton écorce

Me nourrirais de ta sève et vivrais aussi longtemps que toi.

Les pensifs s' appuieraient contre ton tronc majestueux pour réfléchir, 

Se soulager de leurs misères.

 

D'autres se tenant par les mains en une grande chaîne s' appuieraient contre toi

Te mesureraient, te parleraient, tu leur donnerais ta force, ta vigueur

Tes branches abriteraient des roussettes,  des oiseaux et leurs nids, leurs couvées,

Des singes sauteraient de branches en branches

 

Je serais une femme plante, piège végétal aux tendres lianes

Qui boirais ta liqueur , avide de t'appartenir.