Poème de Pascal Image


Distance de Pascal Image

Demain matin tôt à l'heure où la lune laisse la place au soleil quand l'herbe haute est chargée de rosée, quand les marmottes traversent la route pour rejoindre un autre pré, quand les chevreuils le font aussi et quand même les jeunes chamois s'y mettent venu s'enivrer des premières feuilles, quand le merle chante au ciel des airs amoureux, quand la brume se dissipe en caressant les crêtes et les barres encore enneigées, j'irai voir les premiers troupeaux monter, le parc est prêt et l'herbe est haute et parfumée 
Ce soir moi couché tôt juste avant les poules parce que moi levé tôt avant le soleil. Tous les matins quand voisine à moi entend porte se fermer demande " Dis moi où tu vas ! 
Je dis où je vais parce que phone passe pas là bas ! Rien ne passe là bas sauf ce bon vieux courant qui nous relie au ciel avec ses tourmentes et ses merveilles. C'est pas vraiment là bas mais plutôt juste un peu plus haut quand y'a silence oiseaux et tous les animaux qui ont laissé des traces sur la terre des sentiers après la pluie ou l'orage de la veille, des traces et des odeurs que la chaleur du soleil réveille. 
Moi aimer poser cul sur rocher bien plat et sortir gourde de source fraîche, grignoter un quignon de pain pas encore rassis bien enveloppé et sentir monter en moi un sentiment de vie, une puissance modeste admirative et humble.
Ne jamais insulter les cailloux quand ils te font un peu trébucher 
Toi être chez eux faut s'adapter et en faire des compagnons de jeux

Je l'ai senti ce matin sur le sentier.
Comme des parfums de réglisse ou de caramiel, de vanouilles sauvages et de sucre à la résine.
J'ai ouvert les mains et poser mon bâton sur les branches d'un tout jeune mélèze pour bien respirer toutes ces odeurs. 

Une grive était posée sur le sentier à côté d'un bouquet de sauge, une grive que le ciel avait laissé tomber devenue la proie des mouches que le renard chassera d'un coup de queue pour s'occuper de l'oiseau, si il passe par là.
Pas facile à expliquer mais je vais essayer pour vous.
On a l'impression que la chaleur monte de la terre aidée par le soleil et non pas que du soleil. Tu me suis ? Tu me suis sur ce sentier ? On va marcher doucement et s'arrêter quand tu en auras envie et on se reposera un moment assis sur une large pierre bien stable à côté d'un talus de rhododendrons enfin bien rouges.

Nous donnerons des noms amusants gourmands et parfumés aux plantes et fleurs que nous ne connaissons pas en riant sous les formes étranges et légères des petits cirrus ouatés de mystère qu'une escadre d'hirondelles traversent en silence.

D'un regard j'irai butiner tes lèvres de miel en bourdonnant de bonheur.

Et nous irons plus haut sur le sentier marchant lentement en longeant le torrent tes pas dans les miens et mes rêves dans les tiens.


 


 


 


 

Balou le Patou


 

Ce que j'aime le soir est écouter ma voisine me raconter des histoires un peu dans l'esprit des veillées qui se faisaient ici avant l'arrivée de la télé quand les voisins se réunissaient les soirs d'hiver et quand le ciel faisait tourment, neige et glace vive , quand les gens savaient vivre ensemble avec la simple devise tous pour un et un pour tous
Il y avait donc 4 vaches ; Marquise, Jaille, Charmante et Prunelle qui passaient l'été là haut dans la bonne herbe. C'était la tâche des enfants d'aller chercher les vaches là haut le soir dans le grand pré en bordure du mélézin . Marquise tenait son nom de ses grands yeux maquillés de longs cils noirs et fins, c'était la plus coquette et la plus gourmande. La plus curieuse aussi était partie plus haut et plus loin guidée par l'odeur des bonnes herbes la belle Marquise aux yeux de velours s'était approché trop près des barres là haut trop près des névés. La plus grande des trois enfants avait demandé aux deux autres de faire descendre les trois vaches les plus sages en bas à l'étable pendant qu'elle était partie à la recherche de la Marquise plus haut en grappillant par ci par là quelques framboises bien rouges, pleines de soleil sucré.

C'était donc le rôle des enfants d'aller chercher les vaches là haut dans les prés mais ne trouvant pas Marquise les enfants étaient partis à sa recherche en chantant d'une voix claire piou piou jusqu'à entendre enfin la sonnaille de la Marquise qui s'égaillait dans les herbes en compagnie d'une marmotte ayant les mêmes goûts en qualité d'herbe.

Et d'un coup arrive le loup mais c'est une autre histoire.

Ce qui m'amène à vous parler du fameux Patou, le fameux chien de défense anti loup. Ce magnifique chien d'origine Pyrénéenne a dans ses gênes l'instinct de protection, un attachement canin et sincère envers les membres de sa famille que sont les brebis ainsi qu'envers les autres animaux acceptés dans le silence des agneaux dont la présence d'une petite chatte nommée Prune, une petite boule de poils qui passaient ses journées dans les granges ou dans les prés pour assouvir son instinct de chasseresse.

Fatiguée et comblée d'aventures elle rentrait le soir ou parfois dans la journée pour se reposer auprès du poèle à bois blottie contre son ami le Patou nommé Balou. On ne voyait qu'une touffe de poils couleur ocre orange dépassé des pattes de Balou au poil long et blanc.

Un soir un peu avant le moment de goutter la soupe aux légumes du jardin, Joce la maîtresse de maison manifeste son inquiétude n'ayant pas vue Prune de la journée.

Elle regarde Balou et lui dit –Balou ! Tu restes là sans rien faire ?

Vas y la chercher notre Prune allez file !

Le chien se lève en prenant son temps et sort.

La nuit étalait son long voile sur les ombres de la foret, le hululement de la chèvre des bois, petit nom donné aux chouettes se faisait entendre effrayant les musaraignes tapies dans les fougères pendant que le chant de la source s'accordait avec celui des étoiles dans une nuit de bleu profond.

Ce n'est qu'au matin quand le soleil n'éclaire pour le moment que le haut des crêtes de l'ubac, quand dans la braise on a remis une bûche de hêtre ou frêne, quand dans la pièce des odeurs de café noir et encore fumant et de pain grillé que Joce entend gratter à la porte c'était Balou qui ramenait dans sa gueule la petite Prune.

Il la tenait avec toute la délicatesse d'un ami protecteur.

Certains humains devraient parfois s'inspirer du comportement des animaux.


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 

Parti tôt ce matin il faisait même assez frais mais vite réchauffé à la montée. Le soleil n'éclairait que l'autre versant et en dessous le torrent clair nous chantait des airs d'été

Les cascades sont sèches sauf les principales. A cette heure les touristes se préparent à l'auberge, ils remplissent les gourdes à la fontaine, ma copine n'est pas encore arrivée c'est elle qui fait les chambres de l'auberge et qui arrose les géraniums des balcons, pas elle l'autre :)

A la descente j'ai croisé des promeneurs à la montée qui voulaient voir des marmottes mais l'herbe est haute.

Des enfants curieux, des mamans attentionnées

mais des marmottes on entendait que le cri d'alarme

Ils sont partis trop tard ce matin je les voyait traverser le chemin les fameuses marmottes

Je ne suis pas monté très haut, la flemme et c'est l'été cri d'alarme d'une marmotte qui m'avait vu venir, une bande de corbeaux qui se mélangeait à celles des fleurs, de la terre et de toutes ces plantes juste avant l'éveil des papillons et des petits oiseaux à tête jaune

Juste avant aussi que la tribu des vautours quittent leurs nids

Je ne suis pas monté très haut, la flemme et c'est l'été

Au pied du torrent plus bas que le chemin là où personne ne va sauf des curieux j'ai trouvé un souche d'arbre avalanché qui vivait encore un peu,un arbre ne meurt jamais

j'ai posé mon cul dessus et j'ai écouté un moment le chant du torrent calmé.

Du bonheur plein les pattes


 


 


 


 


 


 


 


 


 



 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


 

 

 

 

Vu l'état du monde, la fébrilité gourmande, démesurée de nos gouvernants et ceux qui rêvent de l'être, la lâcheté des antisémites accusant encore et toujours les mêmes

J'ai parfois comme une colère en moi que je dois évacuer alors demain j'irai écouter les oiseaux là haut dans la montagne dans cet immense espace de liberté qui nous reste. J'irai m'enivrer des odeurs les plus sauvages avec la sueur qui pique les yeux et de ce soleil prenant son temps pour apparaître derrière la crête. Demain j'ai rendez vous avec la vie !
loin et surtout plus haut que la civilisation des humains !
Demain j'ai rendez vous avec les dieux , celui des pierres et celui de l'eau, celui de la brume et celui des plantes, des fleurs de printemps, des cailloux qui roulent sous les pieds, des habitants des forets, du ciel, des coins de terre labourés par les sangliers, des prés hauts fauchés fraîchement ou ceux d'herbes folles et là haut dans un petit nuage blanc
J'y verrai encore ton sourire


 


 

 

 

Distances

Mon monde à moi n'est plus ce monde depuis belle burelette. Mon monde à moi est pluie, neige et soleil, cailloux boue et glace vive aussi noire que l'étoile brillante dans le regard d'un Martinet ou d'une Hirondelle ayant navigué dans le ciel. Mon monde à moi est un sentier aux odeurs animales, végétales aux parfums âpres, sucrés et légèrement acides selon la couleur de la terre, la forme des pierres ou la courbe des arbres pliés selon l'humeur des vents. Mon monde a moi n''est pas vraiment humain il est trop plein d'amour.

Nos larmes de souffrances sont toujours le meilleur des engrais pour nos jardins de fleurs et d'espérances 
Et quand nous nous moquons de nos pires tourments les anges nous envoient leurs plus subtils sourires.
N'oublie pas ami que tu n'es jamais seul à avoir l'envie de sauter dans les flaques à éclabousser le ciel de rires et de folies d'amour et d'imaginaires paysages plus ou moins sages, une plume lubrique dans les dents et se gaver de pommes en se moquant du serpent;
Vivre libre sans rêver le sublime et l'accepter quand il arrive au prochain tournant sur le sentier de lumière, s'asseoir et s'effondrer de bonheur le coeur tendu vers le ciel