Poème ecoute+bien - 8 Poèmes sur ecoute+bien


8 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : eccéités babine babines babouin babouins baient bain bains ban banane bananes bandé banian banians banna bannai bannais bannait bannas bannât banne banné bannée bannées bannes bannés banni bannie bannies ...


Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
Qui
sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
L’amour
, vous le savez, cause une peine extrême ;
C’est
un mal sans pitié que vous plaignez vous-même ;
Peut-être
cependant que vous m’en puniriez.

Si
je vous le disais, que six mois de silence
Cachent
de longs tourments et des vœux insensés :
Ninon
, vous êtes fine, et votre insouciance
Se
plaît, comme une fée, à deviner d’avance ;
Vous
me répondriez peut-être : Je le sais.

Si
je vous le disais, qu’une douce folie
A
fait de moi votre ombre, et m’attache à vos pas :
Un
petit air de doute et de mélancolie,
Vous
le savez, Ninon, vous rend bien plus jolie;
Peut-être
diriez-vous que vous n’y croyez pas.

Si
je vous le disais, que j’emporte dans l’âme
Jusques
aux moindres mots de nos propos du soir :
Un
regard offensé, vous le savez, madame,
Change
deux yeux d’azur en deux éclairs de flamme ;
Vous
me défendriez peut-être de vous voir.

Si
je vous le disais, que chaque nuit je veille,
Que
chaque jour je pleure et je prie à genoux ;
Ninon
, quand vous riez, vous savez qu’une abeille
Prendrait
pour une fleur votre bouche vermeille ;
Si
je vous le disais, peut-être en ririez-vous.

Mais
vous n’en saurez rien. Je viens, sans rien en dire,
M’asseoir
sous votre lampe et causer avec vous ;
Votre
voix, je l’entends ; votre air, je le respire ;
Et
vous pouvez douter, deviner et sourire,
Vos
yeux ne verront pas de quoi m’être moins doux.

Je
récolte en secret des fleurs mystérieuses :
Le
soir, derrière vous, j’écoute au piano
Chanter
sur le clavier vos mains harmonieuses,
Et
, dans les tourbillons de nos valses joyeuses,
Je
vous sens, dans mes bras, plier comme un roseau.

La
nuit, quand de si loin le monde nous sépare,
Quand
je rentre chez moi pour tirer mes verrous,
De
mille souvenirs en jaloux je m’empare ;
Et
là, seul devant Dieu, plein d’une joie avare,
J’ouvre
, comme un trésor, mon cœur tout plein de vous.

J’aime
, et je sais répondre avec indifférence ;
J’aime
, et rien ne le dit ; j’aime, et seul je le sais ;
Et
mon secret m’est cher, et chère ma souffrance ;
Et
j’ai fait le serment d’aimer sans espérance,
Mais
non pas sans bonheur ; je vous vois, c’est assez.

Non
, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême,
De
mourir dans vos bras et de vivre à vos pieds.
Tout
me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même
Si
je vous le disais pourtant, que je vous aime,
Qui
sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
À Ninon
Poèmes de Alfred de Musset

Citations de Alfred de Musset
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Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceuls
Goûtent la volupté divine d'être seuls.

Leur sagesse a pitié de l'ivresse des couples,
De l'étreinte des mains, des pas aux rythmes souples.

Ceux dont le front se cache en l'ombre des linceuls
Savent la volupté divine d'être seuls.

Ils contemplent l'aurore et l'aspect de la vie
Sans horreur, et plus d'un qui les plaint les envie.

Ceux qui cherchent la paix du soir et des linceuls
Connaissent la terrible ivresse d'être seuls.

Ce sont les bien-aimés du soir et du mystère.
Ils écoutent germer les roses sous la terre

Et perçoivent l'écho des couleurs, le reflet
Des sons... Leur atmosphère est d'un gris violet.

Ils goûtent la saveur du vent et des ténèbres,
Et leurs yeux sont plus beaux que des torches funèbres.
Les Solitaires
Poèmes de Renée Vivien

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