Poème signaux - 2 Poèmes sur signaux
2 poèmes
Phonétique : saigneux signaux soigneux
Plus sur ce poème | Commenter le poème | Imprimer le poèmeJe ne vous offre plus pour toutes mélodies
Que des cris de révolte et des rimes hardies.
Oui ! Mais en m'écoutant si vous alliez pâlir ?
Si, surpris des éclats de ma verve imprudente,
Vous maudissez la voix énergique et stridente
Qui vous aura fait tressaillir ?
Pourtant, quand je m'élève à des notes pareilles,
Je ne prétends blesser les cœurs ni les oreilles.
Même les plus craintifs n'ont point à s'alarmer ;
L'accent désespéré sans doute ici domine,
Mais je n'ai pas tiré ces sons de ma poitrine
Pour le plaisir de blasphémer.
Comment ? la Liberté déchaîne ses colères ;
Partout, contre l'effort des erreurs séculaires ;
La Vérité combat pour s'ouvrir un chemin ;
Et je ne prendrais pas parti de ce grand drame ?
Quoi ! ce cœur qui bat là, pour être un cœur de femme,
En est-il moins un cœur humain ?
Est-ce ma faute à moi si dans ces jours de fièvre
D'ardentes questions se pressent sur ma lèvre ?
Si votre Dieu surtout m'inspire des soupçons ?
Si la Nature aussi prend des teintes funèbres,
Et si j'ai de mon temps, le long de mes vertèbres,
Senti courir tous les frissons ?
Jouet depuis longtemps des vents et de la houle,
Mon bâtiment fait eau de toutes parts ; il coule.
La foudre seule encore à ses signaux répond.
Le voyant en péril et loin de toute escale,
Au lieu de m'enfermer tremblante à fond de cale,
J'ai voulu monter sur le pont.
À l'écart, mais debout, là, dans leur lit immense
J'ai contemplé le jeu des vagues en démence.
Puis, prévoyant bientôt le naufrage et la mort,
Au risque d'encourir l'anathème ou le blâme,
À deux mains j'ai saisi ce livre de mon âme,
Et j'ai lancé par-dessus bord.
C'est mon trésor unique, amassé page à page.
À le laisser au fond d'une mer sans rivage
Disparaître avec moi je n'ai pu consentir.
En dépit du courant qui l'emporte ou l'entrave,
Qu'il se soutienne donc et surnage en épave
Sur ces flots qui vont m'engloutir !
Paris
, 7 janvier 1874.
Mon Livre
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Tandis
que je parlais le langage des vers
Elle s'est doucement tendrement endormie
Comme une maison d'ombre au creux de notre vie
Une lampe baissée au coeur des myrtes verts
Sa joue a retrouvé le printemps du repos
O corps sans poids pose dans un songe de toile
Ciel formé de ses yeux à l'heure des étoiles
Un jeune sang l'habite au couvert de sa peau
La voila qui reprend le versant de ses fables
Dieu sait obéissant à quels lointains signaux
Et c'est toujours le bal la neige les traîneaux
Elle a rejoint la nuit dans ses bras adorables
Je vois sa main bouger Sa bouche Et je me dis
Qu'elle reste pareille aux marches du silence
Qui m'échappe pourtant de toute son enfance
Dans ce pays secret à mes pas interdit
Je te supplie amour au nom de nous ensemble
De ma suppliciante et folle jalousie
Ne t'en va pas trop loin sur la pente choisie
Je suis auprès de toi comme un saule qui tremble
J'ai peur éperdument du sommeil de tes yeux
Je me ronge le coeur de ce coeur que j'écoute
Amour arrête-toi dans ton rêve et ta route
Rends-moi ta conscience et mon mal merveilleux
Elsa
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