Poème etrange+cette - 14 Poèmes sur etrange+cette


14 poèmes


Phonétique : cette cita citai citais citait citas citât citâtes cite citée citées cites cités côte côtes côtés côtoie côtoies


C’est l’heure du réveil… Soulève tes paupières…
Au
loin la luciole aiguise ses lumières,
Et
le blême asphodèle a des souffles d’amour.
La
nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne,
Car
la lune a verdi le bleu de la montagne,
Car
la nuit est à nous comme à d’autres le jour.

Je
n’entends, au milieu des forêts taciturnes,
Que
le bruit de ta robe et des ailes nocturnes,
Et
la fleur d’aconit, aux blancs mornes et froids,
Exhale
ses parfums et ses poisons intimes…
Un
arbre, traversé du souffle des abîmes,
Tend
vers nous ses rameaux, crochus comme des doigts.

Le
bleu nocturne coule et s’épand… À cette heure,
La
joie est plus ardente et l’angoisse est meilleure,
Le
souvenir est beau comme un palais détruit…
Des
feux follets courront le long de nos vertèbres,
Car
l’âme ressuscite au profond des ténèbres,
Et
l’on ne redevient soi-même que la nuit.
La Nuit est à nous
Poèmes de Renée Vivien

Citations de Renée Vivien
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Tu me comprends : je suis un être médiocre,
Ni bon, ni très mauvais, paisible, un peu sournois.
Je hais les lourds parfums et les éclats de voix,
Et le gris m’est plus cher que l’écarlate ou l’ocre.

J’aime le jour mourant qui s’éteint par degrés,
Le feu, l’intimité claustrale d’une chambre
Où les lampes, voilant leurs transparences d’ambre,
Rougissent le vieux bronze et bleuissent le grès.

Les yeux sur le tapis plus lisse que le sable,
J’évoque indolemment les rives aux poid d’or
Où la carté des beaux autrefois flotte encor…
Et cependant je suis une grande coupable.

Vois : j’ai l’âge où la vierge abandonne sa main
À l’homme que sa faiblesse cherche et redoute,
Et je n’ai point choisi de compagnon de route,
Parce que tu parus au tournant du chemin.

L’hyacinthe saignait sur les rouges collines,
Tu rêvais et l’Eros marchait à ton côté…
Je suis femme, je n’ai point droit à la beauté.
On m’avait condamnée aux laideurs masculines.

Et j’eus l’inexcusable audace de vouloir
Le sororal amour fait des blancheurs légères,
Le pas furtif qui ne meurtrit point les fougères
Et la voix douce qui vient s’allier au soir.

On m’avait interdit tes cheveux, tes prunelles,
Parce que tes cheveux sont longs et pleins d’odeurs
Et parce que tes yeux ont d’étranges ardeurs.
Et se troublent ainsi que les ondes rebelles.

On m’a montrée du doigt en un geste irrité,
Parce que mon regard cherchait ton regard tendre…
En nous voyant passe, nul n’a voulu comprendre
Que je t’avais choisie avec simplicité.

Considère la loi vile que je transgresse
Et juge mon amour, qui ne sait point le mal,
Aussi candide, aussi nécessaire et fatal
Que le désir qui joint l’amant à la maîtresse.

On n’a point lu combien mon regard était clair
Sur le chemin où me conduit ma destinée,
Et l’on a dit : "Quelle est cette femme damnée
Que ronge sourdement la flamme de l’enfer ?

Laissons-les au souci de leur morale impure,
Et songeons que l’aurore a des blondeurs de miel,
Que le jour sans aigreur et que la nuit sans fiel
Viennent, tels des amis dont la bonté rassure…

Nous irons voir le clair d’étoiles sur les monts…
Que nous importe, à nous, le jugement des hommes ?
Et qu’avons-nous à redouter, puisque nous sommes
Pures devant la vie et que nous nous aimons ?…
Paroles à l’Amie
Poèmes de Renée Vivien

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