Poème grand+chose - 20 Poèmes sur grand+chose


20 poèmes


Phonétique (Cliquez pour la liste complète) : égraina égrainai égrainaient égrainais égrainait égrainant égrainas égrainât égraine égrainé égrainée égrainées égrainent égraines égrainés égrainions égrainons égrena égrenai égrenaient égrenais égrenait égrenant égrenas égrenât égrené égrène égrenée égrenées ...


Je suis belle, ô mortels ! Comme un rêve de pierre,
Et
mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est
fait pour inspirer au poète un amour
Éternel
et muet ainsi que la matière.

Je
trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;
J
'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je
hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et
jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les
poètes, devant mes grandes attitudes,
Que
j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront
leurs jours en d'austères études ;

Car
j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De
purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes
yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !
La Beauté
Poèmes de Charles Baudelaire

Citations de Charles Baudelaire
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Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse,
Oreiller
de chair fraîche où l'on ne peut aimer,
Mais
où la vie afflue et s'agite sans cesse,
Comme
l'air dans le ciel et la mer dans la mer ;

Léonard
de Vinci, miroir profond et sombre,
des anges charmants, avec un doux souris
Tout
chargé de mystère, apparaissent à l'ombre
Des
glaciers et des pins qui ferment leur pays ;

Rembrandt
, triste hôpital tout rempli de murmures,
Et
d'un grand crucifix décoré seulement,
la prière en pleurs s'exhale des ordures,
Et
d'un rayon d'hiver traversé brusquement ;

Michel-Ange
, lieu vague où l'on voit des hercules
Se
mêler à des Christs, et se lever tout droits
Des
fantômes puissants qui dans les crépuscules
Déchirent
leur suaire en étirant leurs doigts ;

Colères
de boxeur, impudences de faune,
Toi
qui sus ramasser la beauté des goujats,
Grand
cœur gonflé d'orgueil, homme débile et jaune,
Puget
, mélancolique empereur des forçats ;

Watteau
, ce carnaval où bien des cœurs illustres,
Comme
des papillons, errent en flamboyant,
Décors
frais et légers éclairés par des lustres
Qui
versent la folie à ce bal tournoyant ;

Goya
, cauchemar plein de choses inconnues,
De
fœtus qu'on fait cuire au milieu des sabbats,
De
vieilles au miroir et d'enfants toutes nues,
Pour
tenter les démons ajustant bien leurs bas ;

Delacroix
, lac de sang hanté des mauvais anges,
Ombragé
par un bois de sapins toujours vert,
sous un ciel chagrin, des fanfares étranges
Passent
, comme un soupir étouffé de Weber ;

Ces
malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes,
Ces
extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum,
Sont
un écho redit par mille labyrinthes ;
C
'est pour les cœurs mortels un divin opium !

C
'est un cri répété par mille sentinelles,
Un
ordre renvoyé par mille porte-voix ;
C
'est un phare allumé sur mille citadelles,
Un
appel de chasseurs perdus dans les grands bois !

Car
c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que
nous puissions donner de notre dignité
Que
cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge
Et
vient mourir au bord de votre éternité !
Les Phares
Poèmes de Charles Baudelaire

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